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Calmaria - 2013 - foto de Fernando Costa

« Calme blanc. La voûte du ciel est incandescente, la mer lisse.
Le feu d’en haut rebondit sur des fonds de cinq mille mètres et vient crever à la surface en gigantesques tentacules qui meurent aussitôt. Après vingt trois jours de mer tout s’est arrêté : les voiles pendent, les garcettes claquent à peine dans le languide ascenseur d’une
très, très longue houle, longue jusqu’au ciel, presqu’imperceptible, à en donner le vertige.
Pas une seule ride dans le silence total de cette immensité ronde, le mât est au centre de ce cercle, parfaitement droit vers le soleil au zénith. La lumière dégouline à la verticale, la moindre aspérité fait ombre et je suis nu sur le pont qu’il faut arroser, le bois a besoin de sel, de frais.
La méridienne : derrière les écrans du sextant un drôle de petit soleil vert fluo court sur les 360 degrés d’un horizon orangé foncé et mon pénis, tel le style du cadran solaire, imprime son arrogance sur le teck blanchi.
Hier encore trois tortues, puis, aujourd’hui, deux baleines assez grandes – seuls souffles de vie dans cette absence – aucun oiseau, l’air ne porte plus et j’abandonne ma flûte pour ne rien troubler.
Instant qui dure – cinq jours déjà – venu de loin, de si loin en mon vieux désir : que sa magie m’emplisse ! Je suis là où je voulais, terriblement au large, au milieu de l’océan, là où l’effacement de tout (dit-on) modifie jusqu’à la pression artérielle.
Nord, sud, est, ouest – quelle importance ? Je suis bien arrivé, n’allant nulle part. Point zéro. Zéro faute car j’ai réussi, zéro pointé parce que c’est encore mieux que cela : un peu comme si l’exceptionnel temps arrêté ne suffisait pas, il a fallu encore que la mécanique céleste me joue un tour : je suis cloué pile-poil sur l’axe soleil – terre de la galaxie ; instant sacré que les dieux ont manifestement arrangé pour moi tout seul ! Et dans la grâce de cette magnifique verticalité, qui n’aurait eu l’envie de mettre les bras en croix pour bien palper l’horizontalité, jouer toutes les directions de l’espace, homme éclaté, dans la totalité de l’Être ? »
Extrait par DBo. du livre de :
Yvon Le Corre - L’Ivre de mer - Éditions Yvon Le Corre
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