Alfred Beaujeu - Dans les tempêtes du cap Horn - Vendée Globe 2016/17 - Um livro por dia 33

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  «  Sur le banc des Malouines, réputé par tous les habitués des Mers du Sud comme l’endroit où les lames sont les plus violentes, les plus élevées, les plus creusées, les plus dangereuses, nous filions treize nœuds sous les trois seuls huniers fixes. Les vagues, aussi hautes que la hune, déchaînées par la tempête qui faisait rage depuis longtemps, déferlaient furieusement des deux bords, inondant le pont qui ne désemplissait pas. Leurs crêtes écumeuses volaient en
fumée, sous la poussée de l’ouragan ; leurs sommets, dépassant de beaucoup la hauteur de la rotonde, déversaient par l’arrière d’énormes paquets sur la dunette. Le Cerro-Allegre, tout petit dans cette immensité bouleversée, poussé furieusement par le vent et par la mer, bondissait par moments en haut des lames, pour s’enfoncer ensuite et disparaître complétement dans leurs creux.

(…) Enfin, il arriva ce que je redoutais ! Une lame plus haute, plus forte et plus terrible que les autres, s’éleva d’une dizaine de mètres au-dessus de la rotonde. L’arrière du navire, en raison de la cassure de sa ligne, ne se souleva pas suffisamment : et, avec un bruit infernal, un coup de mer gigantesque, surpassant en importance tout ce que l’on peut imaginer, s’abattit en cascade sur la dunette et sur le pont du pauvre trois-mâts qui, surchargé, s’enfonça, disparut en partie, sembla s’affaisser et s’effondrer sous le coup.

Pendant cinq minutes, qui me parurent des heures, le pont du navire resta enfoncé sous le niveau de la mer ; la mâture seul émergeait et la coque donnait des secousses inaccoutumées ; je me demandais avec angoisse si elle aurait la force de réagir ; quand, grâce à Dieu ! lentement, par saccades, le navire remonta à la surface. Je recommençai à respirer, nous étions sauvés ! »

Extrait par DBo. du livre de :

Alfred Beaujeu - Dans les tempêtes du cap Horn - Éditions Nicea

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