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« Lorsqu’on a approché la ligne d’environ 200 lieues, et 100 lieues après qu’on l’eût passée, l’on reçoit de grandissimes incommodités, sans les hasards qu’on y court à tout moment. Les incommodités sont par des pluies continuelles qui s’y font. Étant tombées, se réduisent en vers longs comme une épingle commune, et ont grandes quantités de jambes, et se fourrent dans les hardes qu’ils coupent comme rasoirs. Les hasards arrivent par le moyen de certains tourbillons de vent, qui viennent presque tout d’un coup d’une si grande violence, qu’ils feraient tourner un navire quille en haut si on n’était habile de
promptement emmener les voiles bas, et on s’aperçoit de leur venue parce que tout d’un coup le temps s’obscurcit, par le moyen de certains nuages noirs et épais qu’ils chassent devant eux, et les nomment grains. Il s’y voit aussi une certaine vapeur très dangereuse, qui s’élève de la mer en forme d’une pyramide, qui a la base en haut qu’on nomme puchol (trombe d’eau, ndlr), et va toujours contre le vent, et en tournoyant toujours, élève l’eau de la mer plus de 20 piques (une pique = 1,60 mètre, ndlr) de haut, de sorte que s’il avait rencontré un navire avec ses voiles, quel grand qu’il fût, il l’aurait bientôt coulé à fond. À quoi il faut soigneusement prendre garde le jour seulement, car pour la nuit on n’en a jamais aperçu. J’ai vu un matelot qui savait les conjurer, et les faisait partir en ces endroits principalement.
En deçà de ladite ligne, se prennent de fort dangereuses maladies qu’on nomme ordinairement mal de bouche, et d’autre l’ont nommé scorbut. Ce mal est bien souvent accompagné d’un autre, qu’on nomme mal de jarret, et sont si pestilentiels qu’ils font bien souvent mourir la moitié d’un équipage. Le mal de bouche est tel, qu’il s’engendre de gros morceaux de chair pourrie et baveuse dans la bouche, qui y cause grande enflure et putréfaction, laquelle il faut couper avec un rasoir et surmonter tellement, que l’on ne peut prendre que choses fort liquides. Outre cela les dents branlent si fort, qu’on peut les arracher aisément avec les doigts, sans douleur, et faut toujours couper cette chair. L’on a aussi mal d’estomac, lequel il faut tenir le plus chaud qu’on peut. Je crois que la grande chaleur, qu’il fait là, étouffe la naturelle. L’autre est le mal de jarret, ainsi nommé parce que depuis la plante des pieds jusqu’à l’extrémité de la cuisse on est fort enflé, et il fait plus de douleur à l’endroit des jarrets, et le tout est marqueté de taches violettes et de toute sorte de grandeurs. À ces maux le plus souverain remède est de faire porter à terre ceux qui en sont entachés, et leur faire manger quantité de fruits et principalement de ceux qui ont la propriété de nettoyer la bouche comme l’ananas, pois bouillis et autres. »
Extrait par DBo. du livre de :
Jean-Pierre Moreau - Un flibustier dans la mer des Antilles (1618-1620). Relation d’un voyage infortuné fait aux Indes occidentales par le capitaine Fleury avec la description de quelques îles qu’on y rencontre, recueillie par l’un de ceux de la compagnie qui fit le voyage - Éditions Petite Blibliothèque Payot
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