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Estrela sobre o horizonte MAR - 2013 - foto de Fernando Costa
« Déjà nous avions découvert face à nous, dans le nouvel hémisphère, une nouvelle étoile, inaperçue d’autres peuples ignorants, qui doutèrent un temps de son existence. Nous vîmes la partie la moins rutilante, et par manque d’étoiles, la moins belle : celle du Pôle fixe où l’on ne sait encore quelle autre terre commence ou quelle mer s’achève.
Ainsi, traversant ces régions par où deux fois passe Apollon, ramenant deux hivers et deux
étés, dans sa course de l’un à l’autre pôle, par temps calme, par bourrasques et oppressions que toujours la mer fait Eole en courroux, nous vîmes les Ourses, en dépit de Junon, se baigner dans l’onde de Neptune.
Te dire tout au long les périls de la mer, mal compris des humains : soudains et terribles orages, éclairs embrasant le ciel, noires averses, nuits ténébreuses, grondements du tonnerre ébranlant le monde, c’est pour moi épreuve autant que grande erreur, lors même que ma voix serait de fer.
J’ai vu les choses que les rudes marins, qui ont pour maîtresse leur longue expérience, tiennent pour certaines et véridiques, en jugeant sur la seule apparence, et que ceux dont le jugement est plus assuré, et qui ne sondent les mystérieux secrets du monde que par l’intelligence et le raisonnement, croient fausses ou mal interprétées.
J’ai vu, clairement vu, la vive aigrette (feu de Saint-Elme, ndlr.) que les gens de mer tiennent pour sacrée, en temps de tourmente et de vent rebelle, de noire tempête et de tristes sanglots. Et ce ne fut pas moins pour tous miracle excessif et chose assurément fort surprenante, de voir les nuées de la mer pomper, par un large tube, les eaux profondes de l’Océan.
J’ai vu bien certainement (et je ne présume pas que mes yeux m’aient trompé) une légère vapeur, une subtile fumée s’élever dans les airs, et, sous la poussée du vent, tournoyer sur elle-même ; puis on la voyait entraîner vers le ciel un tube si mince qu’à peine l’œil pouvait-il entrevoir : il paraissait formé de la substance des nuages.
Peu à peu ses dimensions augmentaient, il devenait plus large qu’un gros mât. Ici, il se rétrécit, là il s’élargit, tandis qu’il pompait les grandes masses d’eau : il ondoyait au gré des ondes. Au sommet s’accumulait une nuée qui se faisait plus grande et plus pesante, avec la grande charge d’eau qui venait s’y déverser.
Comme la pourpre sangsue, collée au mufle de la bête (qui par mégarde, en buvant, l’a retirée de la fraîche fontaine), étanche avec du sang étranger sa soif ardente : plus elle suce, plus elle se gorge et grossit, s’enfle et s’élargit démesurément ; telle la grande colonne gonfle et dilate elle-même et la nuée noire qu’elle supporte.
Mais quand elle a fait son plein, elle ramène à elle le pied qu’elle a sur la mer, et ruisselante, s’envole enfin vers le ciel pour mouiller de son eau l’eau qui s’étend sous elle ; aux ondes elle restitue l’onde qu’elle a pompée, mais elle lui retire et ôte la saveur du sel. Aux savants maintenant de chercher dans les livres quels sont ces secrets de la nature !
Si les anciens philosophes, qui parcoururent tant de pays pour en voir les secrets, avaient connu les merveilles que j’ai connues, en donnant les voiles à des vents si divers, quels vastes écrits n’auraient-ils pas laissés ! Quelle influence des signes et des astres n’y auraient-ils pas vue ! Que d’étrangetés, que de grandes qualités ! Et ce n’était pourtant, sans mentir, que la pure vérité ! »
Extrait par DBo. du livre de :
Camões – Les Lusiades – Éditions Robert Laffont
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